Pars Urbana
L’enclos principal de Batilly-en-Gâtinais est de forme rectangulaire. Il mesure 150 m par 130 m de côté et est délimité par un important fossé de 6,50 m à 7 m de large, pour une profondeur de 3,50 m, doublé par un talus de dimensions similaires. Cet enclos présente une subdivision régulière de l’espace interne en quatre bandes d’une trentaine de mètres de large, délimitées par des palissades. Ces bandes sont à leur tour découpées en espaces plus restreints qui forment de véritables cours intérieures. Le franchissement des palissades se fait par l’intermédiaire de tours porches reposant sur douze poteaux. On accède à l’enclos par une tour porche monumentale placée au milieu du talus occidental. Cet ensemble, qui peut être interprété comme l’équivalent de la pars urbana d’une villa romaine, se trouve lui-même à l’extrémité orientale de l’enclos extérieur.
Une vingtaine de bâtiments a été fouillée à l’intérieur de l’enclos principal. Certains d’entre eux présentent des plans singuliers.
Dans plusieurs cas, les poteaux sont installés dans de véritables tranchées de fondation. L’étude architecturale a permis de mettre en évidence l’existence d’un module récurrent utilisé sur l’ensemble du site. La dimension des poteaux permet, dans un tiers des cas, de proposer un étage. Les parois des bâtiments, étaient, comme celles des palissades, blanchies à la chaux et rehaussées de décors peints comprenant des motifs géométriques et/ou floraux. Dans la plupart des cas, les pigments (jaunes, rouges, bleus, verts, violets et noirs) ont été apposés sur une couche de chaux préalablement appliquée sur le torchis. La teinte bleue correspond à du « bleu égyptien ». Il s’agit d’un pigment synthétique fabriqué à cette époque en Égypte et donc importé du bassin méditerranéen. Sa présence reflète l’aspect luxueux des constructions. Cette partie du site, de par sa situation, son organisation interne et la qualité de son architecture, peut être interprétée comme la partie résidentielle de la villa.
Galerie photos :
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La porte
Porte
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Grand bâtiment
Grand bâtiment
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Pars Rustica
Pars Rustica
Le grand bâtiment
Le bâtiment J a été fouillé en 2008. C’est un des bâtiments les plus importants
de la Pars Urbana de la villa de Batilly-en-Gâtinais. Déjà visible sur les
photographies aériennes, il est situé non loin du centre de l’enclos.
Ce bâtiment a connu deux états. Dans un premier temps, il possède un plan rectangulaire de 15,80 m de long pour 14,30 m de large. Il repose sur douze gros poteaux qui supportent la charpente, associés à quatre poteaux sur chaque pignon et à une série de petits poteaux sur les grands côtés qui font penser à une paroi déportée, comme sur les bâtiments C et D. Dans un second état, ce bâtiment prend une forme carrée de 10 m de côté, avec des trous de poteaux de plus d’un mètre de profondeur. Il faut imaginer une véritable tour qui pouvait être vue de fort loin dans un paysage, celui du Gâtinais, qui ne possède que peu de relief.
Ce plan très régulier a été cependant obtenu avec un système simple qui permet d’obtenir des angles droits. L’utilisation du triangle rectangle, soit le théorème de Pythagore, est bien connue en architecture antique. Ce calcul peut être obtenu aisément avec une corde à nœuds : il correspond à la règle 3 x 4 x 5. Nous pouvons appliquer ce triangle sur l’ensemble des poteaux du premier état du bâtiment. Nous sommes ainsi face à un bâtiment de 230 m2, construit avec des règles précises de géométrie.
Le bâtiment J a été détruit par le feu, permettant une bonne conservation du torchis. Les négatifs de certains poteaux étaient ainsi totalement remplis de torchis. Ce torchis a révélé des traces de peinture blanche, bleue et rouge et sa forme a confirmé que les poteaux étaient équarris.
Le bâtiment J est placé à l’intérieur d’une cour de forme trapézoïdale de 36 x 39,5 x 38,5 x 34 m, soit 1 350 m2 environ. Erigé vers le fond de cette dernière, il est ainsi comme mis en scène à l’intérieur de cet espace, précédé de sa propre esplanade. La question de l’accès à cette cour reste entière. La fouille de la partie sous l’autoroute avait montré la présence de véritables tours porches pour franchir les différentes palissades. Il n’en est rien ici.
